C’est une première étape importante dans la carrière d’un musicien. Neuf enfants beauvillésois se sont vus remettre l’instrument de musique qu’ils apprendront à jouer au cours des trois prochaines années. Retour sur cette cérémonie riche en émotions.

Ils sont venus en famille, un petit frère, une petite soeur, un parent.

L'impatience et l'émotion se lit dans tous les regards.  Pour ces neuf enfants beauvillésois scolarisés en CE2 dans deux écoles de la ville, ce jeudi 12 janvier 2023 est à marquer d’une croix blanche, car c’est celui de leur rencontre avec leur premier instrument de musique. Pour certains, il sera le compagnon d’une vie, pour d’autres, ce sera une belle expérience qui durera au moins trois ans, le temps de leur initiation à la musique d’orchestre au sein du Dispositif d’Éducation Musicale et Orchestrale à vocation Sociale, ou : DEMOS.

Une cérémonie bien préparée

Alors que les familles arrivent, les trois intervenants répètent discrètement leur partition. Dans le hall de la Maison Jacques Brel, les enfants accompagnés de leurs parents sont invités à signer un document qui les engage officiellement à prendre soin de l’instrument qui leur sera remis à la fin de la cérémonie.

Après une courte introduction de Monsieur le Maire Jean-Louis Marsac et  de l’adjoint à la Culture Christian Balossa, la professeure d’alto et violon Gersende Mondani et la professeure de contrebasse Leïla Soldevila présentent un court morceau de musique. Elles sont accompagnées par la professeure de danse Isabelle Dufau au tambourin. Le clou du spectacle est un jingle chanté et dansé en choeur par les enfants. Une performance impressionnante quand on sait qu’ils l’ont écrit et composé eux-mêmes, sous la direction de leurs trois professeures.

La classe de cordes de Villiers-le-Bel travaille en collectif depuis octobre. Une cohésion à laquelle a contribué Isabelle Dufau, danseuse venue transmettre à ces graines de musiciens  des savoir-être utiles : « Nous les préparons à être en relation les uns avec les autres et à prendre conscience de leur corps, car c’est à travers lui que la musique se crée! », éclaire-t-elle quelques minutes avant le début du spectacle.

Trouver sa place dans un ensemble

Sept villes, soit sept groupes d’enfants formeront un ensemble philharmonique au complet qui se produira fin mars à l'Espace Marcel Pagnol. Au cours des trois dernières années, la ‘’classe’’ de Villiers-le-Bel avait en charge de faire résonner les cuivres. Les élèves de cette année se sont vus attribuer les cordes (violon, alto, contrebasse).
« La particularité de DEMOS, c’est de vouloir faire un apprentissage de la musique par le collectif », explique Leïla Soldevila, professeure de contrebasse. Cette approche pédagogique de l’enseignement musical diffère du binôme prof-élève habituel au conservatoire ou en école de musique.

Il est, cela-dit, logique avec la dynamique de l’orchestre l'enjeu est de trouver sa place dans un ensemble. Chacun avec son caractère.  Gilles Nernon, animateur en périscolaire et référent social du projet à Villiers-le-Bel, est le maître de la seconde partie de la cérémonie au cours de laquelle chaque enfant se voit remettre individuellement et publiquement son instrument devant le public. Gilles formule, en l'honneur de chacun de ces futurs musiciens, une phrase qui le caractérise. Timide, curieuse, enjouée, introvertie, extravertie, toutes les personnalités ont leur place dans l’orchestre et il y a de quoi trouver son alter ego de musique au sein de la grande famille des cordes.

Le don d’instrument, une clé pour démocratiser l’accès à la culture musicale

En début de soirée  Lucas et Adila  repartent avec leurs altos, Prunelle, Djena Anjana avec leurs violons, Rawen, Emmanuel, Emmanuella et Jade avec leur contrebasses. La classe de neuf devrait s'étoffer pour atteindre les quinze élèves prochainement.  Les enfants ont pris le temps de choisir l'instrument qui leur correspondait le mieux. Parfois, les parents y ont mis leur grain de sel : « Je lui ai fait écouter des musique sur you tube pour chaque instrument », raconte une maman qui se félicite que sa fille ait porté son choix sur le violon dont elle apprécie les notes hautes et claires. Un papa se réjouit que sa fille n'ait pas opté pour la contrebasse « Il aurait fallu un espace de stockage que nous n’avons pas ».

Dans tous les cas, les familles n’ont pas eu à débourser d’argent pour acheter ou louer le coûteux violon, alto ou contrebasse. Un des freins à une éducation musicale pour tous est en effet  l’achat d’un instrument de musique. Le don d’instrument est donc un aspect crucial du dispositif DEMOS. « Il s’agit d’enfants qui n’ont pas eu accès à la musique jusqu’ici et que nous souhaitons encourager dans cette voie », expose Séverine Maret, coordinatrice de DEMOS pour la communauté d'agglomération Roissy Pays de France. Elle rappelle à ce titre que cet instrument de musique financé par la Région et remis aux enfants pourra leur durer au-delà des trois ans, à condition qu’ils s’inscrivent dans un conservatoire.

Un projet à la fois culturel et social

À travers le projet DEMOS, la prestigieuse Philarmonie de Paris s’est donné pour mission de démocratiser l’accès à la culture musicale d’orchestre auprès d’enfants issus de quartiers  relevant de la politique de la Ville ou de zones rurales. Les trois intervenantes en alto, violon, contrebasse et danse travaillent main dans la main avec Gilles, le référent social qui fait partie intégrante du groupe… Au point d’apprendre lui-même un instrument avec les autres élèves. Une maman du quartier Clair de Lune raconte qu’elle en a entendu parler via la directrice de l’école « La musique classique, on ne connaît pas trop. On a été à la première réunion. Quand vous voyez que votre enfant est emballé, vous ne pouvez pas dire non! », commente-t-elle.

• Coup d'envoi pour le projet DEMOS : une galerie photo de l'événement