Des sous-vêtements vraiment adaptés à l’allaitement, ça n’existait pas… Jusqu’à ce que Kani et Hawa décident d’inventer un soutien-gorge entièrement absorbant. C’est au centre socioculturel Camille Claudel que nous rencontrons Kani, beauvillésoise, maman, et entrepreneuse!
La maternité est une belle aventure, dans la plupart des cas, mais une aventure tout de même, avec de grands ou de petits désagréments. Pour Kani, l’enfer, c’était les fuites de lait : « une des choses que j’appréhendais le plus en étant enceinte ! », raconte-t-elle. Nous avons rencontré cette Beauvillésoise de 28 ans qui a inventé avec sa soeur des soutiens-gorge absorbants qu’elles s’apprêtent à commercialiser. Ce produit a toute les chances de faire fureur dans les maternités, donc on a pas voulu louper une occasion de cueillir ces avant-gardistes du vêtement pour maman avant leur envol.
Une affaire de famille
Tout a commencé pendant un repas de famille comme un autre. Kani et sa soeur Hawa sont enceintes de leur petit dernier et petite dernière. Cet heureux événement vient avec son lot de contrariétés, même pour ces mères de famille déjà aguerries. Parmi les sujets abordés, celui de l’allaitement, pour lesquelles elles ne trouvent pas de vêtements adaptés. « On s’est dit : ça existe forcément un soutien-gorge d’allaitement. On a cherché partout, dans d’autres pays… Mais il n’y avait rien que des des coussinets lavables, ou jetables. C’est déjà pas mal, mais ça ne tient pas en place et ça peut irriter. C’est là qu’on s’est dit : allez, ça n’existe pas, donc : lançons-nous!», explique Kani.
Une idée simple, et pourtant…
Et voilà comment une auxiliaire de puériculture (Kani) et une responsable de secteur dans une association d’aide à domicile se retrouvent à la tête d’un projet de conception et commercialisation de vêtement pour femmes enceintes. « Le soutien-gorge d’allaitement, il faut voir ça comme une culotte menstruelle, mais pour…. absorber le lait ». Ça parait simple dit comme ça, n’empêche qu’il fallait y penser! Pour l’aspect technique, Kani et Hawa commencent par faire appel à une Imane Arrar, une couturière française et fondatrice d’un bureau d’étude en modélisme lingerie. C’est elle qui conçoit avec les premiers prototypes. « Il s’agit d’un tissu absorbant et d’un tissu imperméable assemblés de sorte que la personne qui le porte ait la sensation d’être au sec».
De fil en aiguille, l’idée rejoint les ateliers d’une marque française réputée : « La couturière nous a donné plusieurs contacts, dont celui de Chantelle. Question savoir-faire, on pouvait pas trouver mieux, en plus c’est du made in France ! », raconte Kani. Dès les débuts de la collaboration, Kani et Hawa se sentent prises au sérieux : « ils nous ont tout de suite considérées comme des professionnelles. On s’est senties valorisées ». La marque leur apporte un petit plus technique non négligeable : « Les premiers prototypes étaient bons mais il y avait encore des modifications à faire. Ils ont aussi un peu amélioré le design ».
Business women
Après la production, la commercialisation. C’est Kani et Hawa qui s’occupent de tout. « On a fait une commande de 300 pièces à Chantelle. Il y aura un modèle avec armature, un autre sans ». Les noms des deux modèles Kandia (avec armature) et Tagati (sans armatures) sont ceux des mamans et belles-mamans de la famille. Quelques renoncements ont dû être faits, comme la réduction de l’éventail des tailles du bonnet C au E, plutôt que du B au F. « C’est une question de coût », explique Kani, confiante dans son produit : « Sur un an d’allaitement, une maman utilise 800 coussinets d’allaitement jetables pour un prix de 400 euros. Sachant que nos soutiens-gorge coûtent de 120 à 150 euros, c’est aussi bien économique qu’écologique!».
À quelques semaines de la commercialisation du produit, Kani est confiante. Son projet fonctionnera, elle en est sûre. Sa soeur et elle comptent déjà sur l’estime et les encouragements du monde de l’entrepreneuriat Kani est lauréate du concours Boxing Pitch d’Argenteuil, Hawa de La belle idée à Athis-Mons et du concours des entrepreneurs affranchis où elles gagnent le prix du haut potentiel. « On a tout le temps été encouragées, à commencer par nos proches ». D’ailleurs, Kani ne sait pas comment elle aurait fait sans sa soeur et coéquipière. « On a l’avantage d’être deux, donc on se complète. J’ai un fils porteur de handicap et ma soeur est une maman solo : heureusement qu’on peut compter l’une sur l’autre et on est complémentaires ».
